– Confidences de Clara, 38 ans – témoignage recueilli par Noémie Lefloch
Je m’appelle Clara, j’ai 38 ans, et je suis maman d’une ado géniale. Enfin, géniale la plupart du temps – sauf quand il s’agit de ranger sa chambre, mais passons. Je suis aussi divorcée depuis quelques années, et après la séparation, je n’avais pas vraiment envie de me replonger dans une relation. Trop de blessures à panser, trop de questions à régler. Pourtant, il y a eu lui.
Sommaire
L’attirance du flou
Nous nous sommes rencontrés grâce à des amis communs. Il était charmant, drôle, avec une aura qui attirait les regards. On a tout de suite accroché. Au début, c’était agréable. Pas de pression, juste des conversations légères, des échanges pleins de complicité. Je me disais : « Voilà quelqu’un avec qui je peux être moi-même, sans masque. »
Mais ce n’était jamais clair. Ami ? Amoureux potentiel ? Il n’y avait pas de mots, juste des gestes, des attentions, des regards. Assez pour me donner de l’espoir, mais jamais assez pour que je sois fixée. Je vivais dans cette zone grise, entre l’excitation et le doute.
Le doute s’installe
Il avait cette façon de toujours rester à la frontière. Une proximité déroutante, suivie d’une distance glaciale. Il m’envoyait des messages dès le matin, m’appelait pour parler de ses problèmes, m’invitait à des sorties, mais dès que je tentais d’aborder nos sentiments, il devenait insaisissable.
« Clara, tu comptes beaucoup pour moi, mais… » Mais quoi ? Il ne finissait jamais ses phrases. Et moi, je finissais par les remplir avec mes propres attentes, mes propres espoirs. Je me racontais des histoires, je trouvais des excuses. « Peut-être qu’il a peur, qu’il a été blessé, qu’il ne sait pas comment s’y prendre. »
L’emprise silencieuse
Ce flou, cette ambiguïté, m’a lentement enfermée dans un cycle. J’attendais ses messages comme une adolescente, décortiquais ses moindres paroles, cherchant des indices. Et quand il s’éloignait, je me remettais en question. Est-ce que j’ai dit quelque chose de travers ? Suis-je trop exigeante ? Pas assez ?
Mes amis ont essayé de m’alerter. « Clara, ce mec te manipule. Il te garde sous le coude sans rien te donner en retour. »
Mais je ne voulais pas les écouter. J’étais trop attachée, trop investie. J’avais l’impression que si je lâchais prise, je perdrais quelque chose de précieux. Et cette idée me terrifiait.
Le déclic… ou presque
Un jour, je l’ai vu avec une autre femme. Ils riaient, complices, et une petite voix en moi a murmuré : « C’est ça, Clara. Voilà où tu te situes dans sa vie. Nulle part. » Ce moment aurait dû être un électrochoc. Et il l’a été, en partie. J’ai confronté la réalité, j’ai compris que je n’étais qu’un choix parmi d’autres pour lui, une présence confortable mais non essentielle.
J’ai essayé de couper les ponts. Je lui ai écrit un long message pour lui expliquer que je ne pouvais plus continuer ainsi. Que cette relation, si on pouvait l’appeler ainsi, me détruisait. Et puis, j’ai attendu. J’espérais qu’il me dirait quelque chose, qu’il me rattraperait, qu’il me prouverait enfin que j’avais tort.
Il a répondu, bien sûr. Des mots vagues, remplis de regrets mais sans engagement. « Je tiens tellement à toi, mais je ne veux pas te faire de mal. » Ce n’était pas la réponse que j’attendais, mais c’était suffisant pour me replonger dans le doute. Et je suis restée.
L’épuisement émotionnel
Depuis, les choses n’ont pas vraiment changé. Il est toujours là, à moitié présent, à moitié absent. Moi, je continue de m’accrocher, même si je sais, au fond, que cette histoire ne m’apportera rien de bon. J’aimerais pouvoir dire que j’ai trouvé la force de tout arrêter, que je suis passée à autre chose. Mais ce serait mentir.
Je suis épuisée. Pas seulement par lui, mais par moi-même, par cette incapacité à lâcher prise. Par cette peur de me retrouver seule avec mes doutes et mes regrets. Alors je continue, malgré tout. Je me dis que peut-être, un jour, il changera. Que peut-être, un jour, je trouverai enfin le courage de partir.
Si je peux donner un conseil, c’est celui-ci : fuyez les relations ambiguës. Elles vous rongent, vous volent votre énergie, vous empêchent de voir la vérité. Mais je sais aussi que c’est plus facile à dire qu’à faire.
Pour moi, la leçon n’est pas encore complètement apprise. J’avance doucement, entre lucidité et déni. Mais peut-être qu’un jour, je trouverai ma porte de sortie. Peut-être.